Épopée en prose d'Isidore Ducasse dit compte de Lautréamont. Après avoir traversé les chants et en être sorti vivant, on ne peut qu'inciter les autres à s'en méfier, les pages du livre sont cornées de poison. Mais pour ceux à qui, le sulfureux parfum de l'arsenic n'égale pas la plus suave des ivresses, toute incitation sera vaine, y compris celle de l'auteur :
Chant 1, strophe 1
"Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu
momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se
désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les
marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison;
car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique
rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa
défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont
son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le
monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls
savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme
timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes
inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant."
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