C'est pas très orthodoxe comme solution...
J'ai bien ri en lisant ce fait divers, dommage que l'affaire ait été étouffée. C'est la preuve qu'on peut faire n'importe quoi quand on a Dieu pour alibi.
Plus de précisions grâce à cette source : http://www.gamekult.com/blog/zorro/default.html?cat=732
Exorcisme fatal en Roumanie
Soeur Irina, 23 ans, est décédée mercredi dernier, après avoir été enchaînée sur une croix par le prêtre Daniel Corogeanu et quatre religieuses du monastère Tanacu (nord-est), qu'elle avait intégré il y a à peine trois mois. Selon le certificat médico-légal, la jeune femme, bâillonnée et privée d'eau et de nourriture pendant plusieurs jours, est morte par asphyxie et déshydratation. (BUCAREST, 20 juin 2005 - AFP )
Bâillonnée et enchaînée sur une croix, une jeune religieuse est morte lors d'une séance de désenvoûtement menée par un prêtre et quatres nonnes dans un monastère de Moldavie.
Il pointe un doigt vers le ciel : Dieu l'a voulu ainsi. Avec sa longue barbe hirsute toute rousse et les cheveux en bataille, le prêtre Daniel ressemble à un jeune Raspoutine. Habillé tout en noir, ce jeune homme de 29 ans est assis dans la cour austère de son cloître. Il serre une bible dans ses bras et proclame, les yeux illuminés : La soeur Irina était possédée par le diable. Elle m'a demandé de l'aider et Dieu l'a délivrée de sa souffrance. Avant l'enterrement, la dépouille de la soeur Irina repose à quelques mètres de là, dans la petite église blanche attenante, perdue au coeur de la Moldavie. Des religieuses veillent sur le cercueil où l'on peut apercevoir le corps de leur ancienne consoeur portant encore les traces du bâillonnement et de l'enchaînement subis.
Conjurer le mal. Selon le prêtre, la soeur Irina, se sentant possédée par le diable, lui aurait demandé une messe de désenvoûtement. Après la messe, la situation a empiré : la religieuse n'arrêtait pas de l'injurier et a même essayé de l'agresser. Aidé par quatre autres religieuses, le prêtre l'a bâillonnée puis enchaînée sur une croix. «Au début on l'a ligotée, raconte-t-il d'une voix neutre. Mais le diable était tellement fort qu'il a rompu les cordes. Nous avons été obligés de lui mettre les chaînes.» La jeune femme a été enfermée dans une petite pièce, afin de conjurer le mal, et, quelques jours plus tard, elle a été retrouvée morte. Elle n'avait que 23 ans. Selon les premiers éléments de l'enquête, soeur Irina, qui avait rejoint le monastère il y a trois mois à peine, aurait été récemment soignée pour schizophrénie à l'hôpital de Vaslui (nord-est de la Roumanie). Le parquet de Vaslui a engagé des poursuites pénales contre le prêtre et les quatre religieuses, qui risquent de lourdes peines de prison.
Mais à Tanacu on ne voit pas les choses sous le même angle, car, dans le village, le prêtre Daniel est perçu comme un bon servant de Dieu. Il a délivré beaucoup de gens possédés par le diable, lance Ioan, un villageois modeste, d'une quarantaine d'années. Des femmes et des hommes de toute la région viennent ici pour assister à ses messes extraordinaires. Des messes animées, contrastant avec la mollesse des autres prêtres, continue-t-il. Ioan, comme d'autres gens du village, a interrompu ces jours-ci les travaux des champs pour défendre le prêtre contre la hiérarchie orthodoxe qui veut l'excommunier. Nous ne partirons pas d'ici tant que notre confesseur sera en danger, menace-t-il. Les religieuses et les paysans ont même agressé et chassé l'envoyé de l'Eglise venu enquêter sur place. Les forces spéciales de police ont dû intervenir.
Devant l'entrée du monastère de Tanacu, une soeur attend timidement le père Daniel pour lui dire au revoir. Après l'éclatement du scandale lié à la crucifixion, la famille de la soeur Anastasia est venue la chercher. Derrière de grosses lunettes noires, ses yeux sont remplis de larmes. Je ne veux pas partir, car désormais ce monastère est ma famille, chuchote-t-elle, avant que sa mère ne lui fasse signe de se taire.
Messe funèbre. Le prêtre Daniel s'approche et fait un signe de croix en guise de bénédiction. Puis il se dirige vers l'église, entouré par les religieuses silencieuses et les paysans qui forment désormais sa garde rapprochée. Il doit célébrer la messe funèbre pour soeur Irina. Comme personne de la famille n'était venu réclamer le corps, le parquet l'a déposé après l'autopsie dans l'église. Et, dans une ambiance surréelle, c'est donc le prêtre Daniel qui officie, sans verser une larme mais tout en louant le Dieu miséricordieux qui a fait un miracle en délivrant la soeur du mal.
Abominable. L'Eglise orthodoxe roumaine a vivement critiqué le geste du prêtre Daniel, en le qualifiant d'abominable. Le Moyen Age parmi nous, a titré le quotidien Evenimentul Zilei. Selon Mihai, un villageois de Valeni (village voisin), l'Eglise aurait dû réagir plus tôt : Les séances d'exorcisme tenues par le père de Tanacu ne respectaient pas les canons, et la hiérarchie aurait dû le savoir», se révolte-t-il, lorsqu'il voit la dépouille de la jeune fille passant devant sa demeure. Réponse du prêtre Costel Stoica, porte-parole de l'Eglise roumaine : Notre Eglise rassemble plus de 85 % des 22 millions de Roumains. Nous avons plus de 15 000 prêtres et il est impossible de connaître en détail toutes les activités des monastères les plus isolés.
En effet, le monastère de Tanacu est loin d'avoir pignon sur rue. Perdu dans les collines de la Moldavie, l'une des régions les plus pauvres du pays, il n'a ni eau courante ni électricité. La route qui le relie au village, longue de huit kilomètres, est étroite et boueuse seules les charrettes peuvent l'emprunter les jours de pluie. Les hivers, souvent rigoureux, durent ici cinq mois : période où le prêtre et la vingtaine de religieuses sont pratiquement isolés.
La vie monacale n'est pas très démocratique en général, explique le sociologue Alfred Bulai. Et, dans ce genre de monastère, on vit comme au XVIIIe siècle, presque en autarcie. Les supérieures ont du mal à comprendre les réalités actuelles et les peines corporelles sont encore monnaie courante. Si la soeur Irina n'était pas morte, personne n'aurait parlé de sa crucifixion. De condition modeste, les religieuses qui font leur entrée dans ces monastères sont souvent plus crédules que croyantes, commente un prêtre.
L'exorcisme et l'orthodoxie
L'exorcisme est pratiqué à grande échelle dans les monastères roumains. C'est un rituel inscrit dans la tradition de l'Eglise orthodoxe", déclare le rédacteur en chef du mensuel Lumea credintei (Le monde de la foi), Razvan Codrescu.
De nombreux témoignages, émanant des rangs mêmes de l'Eglise, assurent que les monastères, notamment ceux de Moldavie (région pauvre de l'est du pays) sont régulièrement, voire quotidiennement, le théâtre d'exorcismes" : Les personnes possédées sont enchaînées, pendant que le prêtre leur lit une prière censée conjurer le diable et les asperge d'eau bénite", dit une religieuse sous le couvert de l'anonymat. Il s'agit le plus souvent de jeunes filles, emmenées par leurs propres parents", ajoute-t-elle, assurant avoir été témoin de nombreux cas de
guérison.
Mais le porte-parole de l'Eglise orthodoxe, le père Costel Stoica, nie l'ampleur de cette pratique, affirmant que l'exorcisme n'a rien à voir avec l'orthodoxie. Selon lui, il existe bien dans cette foi, majoritaire en Roumanie, "une prière lue le 1er janvier et destinée à ceux qui demandent l'aide de Dieu pour être délivrés du diable". Mais, assure-t-il, cette prière ne comporte pas de punition corporelle et implique la pleine coopération du fidèle en question.
Gabriel Andreescu, responsable de l'antenne roumaine du Comité Helsinki pour la défense des droits de l'Homme, relève toutefois que frapper un croyant avec des branches d'arbre fait partie de certains rituels orthodoxes. Appliquer des peines corporelles, surtout dans un établissement religieux, est inacceptable. L'Eglise orthodoxe a une responsabilité morale et juridique pour des événements tragiques tel celui de Tanacu, souligne-t-il dans un entretien à l'AFP. Alors que, selon plusieurs témoignages, soeur Irina aurait été récemment soignée pour "schizophrénie" à l'hôpital de Vaslui (nord-est), M. Andreescu accuse les religieux de Tanacu d'avoir nié à la jeune femme l'accès à l'assistance médicale, ce qui représente une violation d'un droit inaliénable.