Sur une des photos, on a également reconnu Angélique D.G., qui avait neuf ans lorsque, fin 1992, elle a dormi deux
fois chez Raemaekers. Sa photo est extraite d’une séquence filmée qui dure quatorze minutes et cinq secondes. Les
jurés visionnent la vidéo pendant le procès. Au début de la séquence, contrairement à Nancy et Nelly, Angélique n’a
aucune idée de ce qui va arriver. Elle est joyeuse et souriante. L’instant suivant, affolée, elle hurle et appelle
sa maman. Raemaekers la pénètre plusieurs fois et l’oblige à lui faire une fellation. A la fin de la torture, il lâche
dans un rire gras : «Bon, on fera l’autre moitié demain.» L’appartement de Raemaekers, avenue Louise, à Bruxelles,
est facilement identifié sur l’enregistrement.
– Pourquoi enregistriez-vous ces scènes?
– Il y avait beaucoup d’argent à gagner. On pouvait aussi échanger ces cassettes.
– Avec qui?
– Cela se passait dans un réseau de pédophilie très étendu, qui opère en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Moi-même,
je n’étais qu’un petit élément de ce réseau.
– Qui étaient les autres?
– Je ne souhaite pas faire de déclarations à ce sujet pour l’instant.
L’après-midi, le premier témoin à venir à la barre est le juge d’instruction bruxellois Damien
Vandermeersch. Il explique à la cour que c’est par hasard qu’on a découvert les bandes vidéo. C’était au mois de mai
1993. Quelques semaines plus tôt, son collègue Jean-Claude Van Espen avait lancé un mandat d’arrêt international contre
Raemaekers, qui avait pris le large avec les millions que des investisseurs naïFS avaient confiés à PEFI, sa société
bidon. Il avait pris la fuite en compagnie de son épouse, Régine Depeint, en direction des Pays-Bas. La police néerlandaise
parvient à le retrouver le vendredi 21 mai à Rotterdam. Raemaekers est arrêté dans un hôtel alors qu’il est sur le point
d’entamer des négociations pour reprendre un sex -shop local, comme l’apprend le contenu de sa mallette, qui contient
également 2 millions de FB en liquide. Le même jour, une perquisition a lieu à son domicile, Dorpsweg, 198 A, à Rotterdam.
Dans la maison, on met la main sur une quantité de papiers d’identité vierges, volés dans des maisons communales en Belgique
et aux Pays-Bas, et sur des documents qui indiquent que Raemaekers est déjà propriétaire d’un bar à filles dans le quartier
chaud de Rotterdam. C’est un enquêteur hollandais qui s’étonne de l’incroyable quantité de revues et de cassettes pornographiques
stockées sur place. Elles sont étiquetées et classées avec la maniaquerie d’un philatéliste. L’enquêteur visionne une cassette,
au hasard, et en reste sans voix: des enfants, le plus souvent asiatiques, parfois européens, sont violés