« Je puis vous assurer que les soucoupes volantes, étant donné qu’elles existent, ne sont pas construites par une puissance terrestre. »
Président Harry S. Truman - conférence de presse à Washington DC, le 4 avril 1950.
À la fin des années 1960, un auteur de livres de science-fiction, Guy Tarade, révéla au grand public un fait historique extraordinaire qui se serait déroulé au début du xviie siècle dans le ciel de Nice et de Gênes. Les populations de ces régions auraient observé avec effroi l’apparition d’ovnis et d’hommes volants qui se battaient dans les airs.
Un opuscule bien réel
Ce qui pourrait paraître, de prime abord, comme l’invention d’un auteur moderne, semble pourtant être un fait historique bien réel, relaté dans un ouvrage imprimé en 1608 intitulé : « Discours des TERRIBLES ET ESPOUVENTABLES SIGNES apparus sur la mer de Gennes, au commencement d’Août dernier avec les prodiges du sang qui est tombe du ciel, en pluye DU COSTE DE NICE et en plusieurs endroicts de la Provence, Ensemble l’apparition de deux hommes en l’air, lesquels se sons battut par plusieurs fois, et ont efté veu en grande admiration durant trois jours SUR L’ISLE DE MARTEGUE qui est une ville sur la Mer A CINQ LIEUES DE MARSEILLE. »
Ce petit livret est encore aujourd’hui consultable à la BNF à Paris, mais on en trouve aussi une copie à Troyes et une autre à Nice.
Même pour un sceptique, force est de constater à la lecture du texte qu’un événement hors norme, inexplicable et spectaculaire, s’est produit dans le golfe de Gênes, à Nice, et en Provence au début du xviie siècle.
Serait-on en présence d’une preuve indiscutable démontrant que des extra-terrestres se sont manifestés dans cette partie de l’Europe méditerranéenne il y a plus de quatre siècles ?
Le récit et son contenu
Il est impossible de bien comprendre cette affaire extraordinaire sans l’aide d’un historien avisé. Je suis donc allé à la rencontre d’un des trop rares historiens s’intéressant aux prodiges célestes de la haute Antiquité au siècle des Lumières : Yannis Deliyannis. Diplômé d’une maîtrise en Archéologie à l’université de la Sorbonne, très impliqué dans la création de l’Institut national d’histoire de l’art à Paris, Yannis a mené une enquête particulièrement fouillée, rigoureuse et passionnante sur l’affaire dite des « ovnis de Nice ». Ce qui suit relate notre discussion.
David Galley : Pourriez-vous nous résumer le contenu de ce livret qui nourrit l’esprit des ufologues depuis maintenant 40 ans ?
Yannis Deliyannis : Ce petit ouvrage, dont on ne connaît pas l’auteur, rapporte en réalité plusieurs histoires extraordinaires. Le titre à rallonge, comme c’est souvent le cas dans ce type de littérature et à cette époque, est déjà très évocateur du contenu. Il s’agit d’une série de prodiges survenus durant l’été 1608 sur une zone géographique allant de Martigues jusqu’à Gênes en Italie.
L’auteur s’attache particulièrement à l’un de ces prodiges dont il fait le sujet principal de son récit. Il y raconte l’effroi et la terreur provoqués au début du mois d’août 1608 par une succession d’apparitions prodigieuses sur le golfe au large de la ville de Gênes.
Avec force détails, l’auteur décrit tout d’abord l’arrivée de créatures monstrueuses à demi immergées qui terrorisent les Génois à la fois par leur aspect et par leurs cris, à tel point, nous dit l’auteur, que plusieurs honnêtes citoyens en tombent malades de peur. L’aspect de ces créatures est certes effrayant : les unes, « en figures humaines », ont les bras recouverts d’écailles et tiennent des serpents volants, tandis que les autres, aux corps féminins mais totalement recouverts d’écailles, ont une tête de dragon.
L’effroi et la torpeur passés, les Génois tentent à plusieurs reprises de repousser ces créatures. Chacun y va alors de son initiative : les ordres religieux organisent des processions, imposent le jeûne ; les frères Capucins ordonnent les prières des Quarante Heures, et l’on fait tirer plus de huit cents coups de canon, sans toutefois faire fuir ces créatures qui semblent ne plus vouloir quitter les lieux.
Le quinzième jour d’août le paroxysme est atteint lorsqu’apparaissent trois carrosses dont chacun est tiré par six figures en « semblance de dragon », toutes en feu. Ces carrosses, accompagnés des créatures à demi immergées, font par trois fois le tour du port (l’auteur nous dit la « virevolée », ce terme a son importance, retenons-le) dans un vacarme à faire retentir les montagnes, avant de disparaître définitivement dans la mer. Sur le port, les Génois assistent au départ des carrosses et des créatures en entamant le Te Deum et en pleurant leurs morts puisque plusieurs d’entre eux, nous apprend l’auteur, ont littéralement succombé à leur frayeur.
En tout et pour tout, les apparitions monstrueuses sur le golfe de Gênes ont duré quinze jours et s’achèvent aussi brutalement qu’elles ont commencé.
Le reste de l’ouvrage rapporte ensuite d’autres prodiges qui, en regard de celui de Gênes, paraissent moins spectaculaires. Il s’agit d’une pluie de sang à Nice et en Provence, puis de l’apparition de deux combattants dans le ciel de Martigues. Prodiges certes curieux, mais beaucoup plus classiques si l’on considère la littérature de prodiges de cette époque.
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