Heresie.com
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Heresie.com

Où l'on y parle de différentes malpropretés morales et physiques de tout ordre, des oubliés de Dieu et des complices de Satan à travers les siècles.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  PublicationsPublications  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  Heresie.com  Francis Thievicz  Elisandre  
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

 

 La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop

Aller en bas 
AuteurMessage
ElricWarrior
Hérésiarque - Administrateur
ElricWarrior


Nombre de messages : 3225
Age : 83
Localisation : Terre d'Hérésie
Actes nécrophiles : 9
Hommes torturés : 6170
Date d'inscription : 14/08/2004

Feuille de Sadique
Aime mutiler:
La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Left_bar_bleue35/150La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Empty_bar_bleue  (35/150)
Possede des Crânes humains:
La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Left_bar_bleue10/150La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Empty_bar_bleue  (10/150)
Misanthrope :
La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Left_bar_bleue15/150La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Empty_bar_bleue  (15/150)

La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop Empty
MessageSujet: La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop   La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop EmptyDim 22 Déc - 9:51

La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop 53

Dans une série de lettres s’échelonnant entre mai 1789 et août 1793, Marguerite Paradis, tenancière d’un bordel d’enfants pour libertins, expose à son amie Louise, qui désire ouvrir le même type de commerce à Bordeaux, les divers tracas auxquels il lui faudra se confronter pour faire tourner sa maison : aménagement des locaux, domesticité, clientèle et marchandise, autant de questions qu’elle continue de résoudre dans sa maison de la rue des Fossés-Saint-Germain. Mais ces détails pratiques ne sont pas le seul intérêt d’une correspondance qui, dans une langue précise et imagée, restitue les interrogations d’une femme confrontée à la tourmente révolutionnaire qui va balayer le régime monarchique. Attentive aux moindres soubresauts de Paris, Marguerite jette un regard sans illusions sur le genre humain, dont elle connaît bien la veulerie et l’inconséquence. C’est d’ailleurs cette vision sans fard des sentiments humains qui donne au texte toute son intensité. Libertine dans l’âme, Marguerite explore les ressorts secrets du cœur, tant chez les autres qu’au plus profond d’elle-même. Passionnée par le bel hermaphrodite Tirésias, Marguerite tente de cerner, au plus près, la naissance de cet amour qui va l’arracher à la cruauté ordonnée des jeux libertins pour, la dépouillant de tout artifice, l’abandonner aux lisières de son être intime.

"Ce livre est un scandale. Gabrielle Wittkop le savait qui ne voulait pas le voir publié de son vivant.
Ce livre est un scandale. Je le sais, je le crains.
Ou plutôt, je crains que le scandale ne naisse pour de mauvaises raisons ; la raison du scandale, s'il faut en trouver une, réside selon moi dans la beauté, la somptuosité formelle de l'écriture. Beauté d'autant plus scandaleuse que des horreurs continûment y sont dites.
Or je crains précisément que ces horreurs dites continûment ne fassent écran et ne soient prises par - 'Les dévots et les envieux, ce sont souvent les mêmes'- pour tout autre chose que ce qu'elles sont : de la littérature, rien que de la littérature.
Quelqu'un a écrit :'Les gens les plus soupçonneux doivent être les premiers soupçonnés', cela me semble définir au plus juste ceux qui s'indigneront devant cette oeuvre. Nietzsche lui, disait : 'Nul ne ment autant qu'un homme indigné.'"
Bernard Wallet

----------------------

Ceux pour qui les enfants n'ont certes pas vocation à être violés, torturés et assassinés pour le plaisir des riches dans un roman risquent de trouver à redire à cette Marchande d'enfants, oeuvre posthume de Gabrielle Wittkop, née en 1920, auteur en 1972 du Nécrophile et suicidée en décembre dernier. Quand Libération l'avait rencontrée en 1976, elle qualifiait de «pédophilo-sadique» ce livre déjà achevé pour lequel elle avait bien du mal à trouver un éditeur. Puis Verticales allait commencer à publier fidèlement son oeuvre, Bernard Wallet écrivant à propos de la parution de la Marchande d'enfants : «Ce livre est un scandale. Gabrielle Wittkop le savait qui ne voulait pas le voir publié de son vivant.» Le souhait de l'auteur était cependant moins clair, à en croire le préfacier du roman, Nikola Delescluse : «Très ironiquement, cette publication posthume, que Gabrielle Wittkop elle-même avait envisagée pendant un temps, et que la réalité malheureusement a voulue ainsi, donne au récit l'espoir d'être accepté sans trop de réticences, maintenant que l'auteur n'est plus là pour en porter l'outrage sur le théâtre du monde.» On rapproche souvent Gabrielle Wittkop de Sade, pour le choix de ses sujets pas fait pour plaire à tout le monde autant que pour son style classique, et l'auteur des 120 Journées de Sodome est un personnage éphémère de cette Marchande d'enfants, un client de l'établissement.
Le roman se présente sous le genre épistolaire propre à la période, puisqu'il s'agit de lettres que Marguerite, au début des années 1790, adresse à Louise qui veut ouvrir à Bordeaux une maison semblable à celle que Marguerite tient à Paris. L'activité de la traite d'enfants est considérée hors de tout caractère moral, même si malheureusement la morale vient parfois mettre son nez dedans à son horrible manière. «C'est hélas vrai, nous sommes à la merci des envieux et des dévots ­ ce sont souvent les mêmes ­, vrai qu'un père se croyant outragé de n'avoir pu lui-même dépuceler sa fille impubère ou qu'un suppôt de police s'estimant trop maigrement soudoyé, s'acharnent à nous perdre.» Or le métier est déjà très difficile, rien que se procurer un enfant et en fixer le prix nécessite de fameuses compétences. «Celui-ci est fort variable, n'étant fonction que de la qualité, sans qu'on tienne trop compte de l'usage que peut faire le client d'une marchandise geignarde et périssable. (...) Le matériel n'est pas toujours facile à trouver, on peut même avoir la mauvaise surprise de découvrir des enfants vérolés dès le berceau, mais le risque fait partie d'un métier dans lequel on ne saurait toujours gagner.» Il y a deux principales règles de conduite, si ce n'est de morale, pour l'épistolière. Une : «Ne vous laissez jamais attendrir car si la pitié venait à s'en mêler, où le métier nous conduirait-il ?....» Deux : «Sommes-nous donc outrecuidants d'exiger des voluptés dont nos heures d'abstinence nous peignirent un si charmant tableau ?»

«Les gens font bien les délicats quand il s'agit de paraître honnête.» La vertu n'a jamais été la tasse de thé de Gabrielle Wittkop, elle est dans le collimateur de toute son oeuvre. Il arrive que Marguerite soit dérangée dans son torrent d'horreurs par du tapage. Nous sommes alors en 1792. Elle envoie quelqu'un voir, qui aperçoit «une espèce de portique monté devant quelque chose ressemblant à une bascule, aboutissant à une cloison articulée en deux parties et percée d'un trou circulaire au milieu. Cela me semble obscur et je ne vois aucun sens dans cet objet.» On sait pourtant que la guillotine va avoir beaucoup de sens, et les anciennes victimes vont tenter de transformer leurs anciens bourreaux en nouvelles victimes. «N'est-ce pas l'insigne méchanceté des vertueux républicains qui ne valent pas mieux que les dévots ?» Cynisme et stoïcisme ne seraient-ils pas la même chose ? On a appris à sa mort que Gabrielle Wittkop avait été tondue à la Libération, elle vivait avec un Allemand ­ en vérité, un déserteur homosexuel anti-hitlérien qui deviendra son mari. Gabrielle Wittkop n'avait rien à voir avec la morale publique. Nikola Delescluse écrit aussi dans sa préface : «Au fil des propos tenus sur les écrits de Gabrielle Wittkop, il n'aura été question que de cela, de "pose", de "provocation", de "théâtralité", d'"affectation", tant il paraît inconcevable qu'une personne exprime, de manière simple et directe, sa pensée, dès lors que celle-ci contrevient absolument à l'uniformisation béate de nos civilisations vertueuses.»

Il n'y a pas de leçons à tirer des livres de Gabrielle Wittkop. Ils ne souhaitent pas réformer le monde mais y avoir leur place. «Non, ma bonne amie, je ne veux point m'excuser car il se peut que je ne mérite point d'excuse, je veux seulement vous dire comment j'en vins à une profession utile certes à l'humanité mais exécrable en elle-même et que chaque jour j'abomine davantage. Et quoi ?.... On s'y endurcit comme en toute chose et si on laissait libre cours à la pitié, nul ne pourrait l'exercer un seul jour. Ajoutez à cela que le besoin d'argent sans cesse me poigne et vous comprendrez mon état», écrit Marguerite. Elle conserve pourtant sur sa marchandise une opinion misérable. «Les enfants étant des créatures odieusement parasitaires et importunes, la Nature n'a pu assurer leur conservation qu'en opposant à un cannibalisme par trop justifié le verrou de l'amour parental. Or il advient que ce verrou s'enraie et c'est ce qu'il advient quand un père use de sa propre fille ou de son fils.» D'une façon générale, l'oeuvre de Gabrielle Wittkop s'emploie à faire sauter les verrous, ou du moins à les montrer comme tels, comme si l'auteur était énervée que le lecteur ne se croie libre que quand il s'est préalablement enfermé à double tour.

LINDON Mathieu


_________________
http://www.heresie.com
Revenir en haut Aller en bas
http://www.heresie.com
 
La Marchande d'enfants Gabrielle Wittkop
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Heresie.com :: Général :: Littérature-
Sauter vers: