Les gothiques, cible des exorcistes catholiques

Cent cinquante religieux et laïcs, spécialistes de l'occulte, se penchent sur la montée du satanisme chez les jeunes.


QUELQUE cent cinquante exorcistes catholiques et leurs collaborateurs sont réunis en session pour trois jours depuis hier à Francheville, près de Lyon. Ces prêtres, religieux et laïcs se retrouvent tous les deux ans pour une formation centrée cette année sur les jeunes satanistes. Le phénomène reste marginal mais s'exprime de plus en plus ouvertement, en particulier par le biais du mouvement gothique. Or, selon le Centre national de pastorale liturgique, «les exorcistes et leurs collaborateurs sont parfois démunis devant ces jeunes. Ils ne possèdent pas toujours les clefs nécessaires pour pénétrer un monde très codifié et les aider à en sortir». Les populations auxquelles ils sont habituellement confrontés viennent plus souvent de milieux ruraux ou issus de l'immigration que du rock extrême.


«Puissances mortifères»

Deux spécialistes ont été invités à cette rencontre, Jacky Cordonnier et le père Benoît Domergue, auteur d'une étude publiée il y a quelques mois sur la «dérive antichristique de la culture des jeunes» (1). Au fil de ses rencontres avec les étudiants et les lycéens, il décrypte les signes des mondes occultes – gothiques, ésotériques, magiques, chamaniques – et leurs moyens d'expression au cinéma, dans la musique, la bande dessinée ou la mode.


Le sujet le passionne depuis toujours, au point d'avoir consacré sept années à l'étude des courants ésotériques et de la magie traditionnelle à l'Ecole des hautes études en sciences religieuses à Paris. Il poursuivra ensuite sa formation chez les jésuites à Rome par une thèse en démonologie. Lorsqu'il se rend dans les concerts de rock les plus extrêmes, quatre à cinq fois par an, il n'a qu'à retirer son col romain pour se couler dans le moule. Il tient sa légitimité de l'expérience du terrain. «Je décrypte, je traduis et je décode sans jeter d'anathèmes sur des jeunes le plus souvent inconscients des enjeux.»


Marylin Manson – icône «gothique» – est dans son collimateur. Il a approché le chanteur au Canada par le biais de son ancienne petite amie et souligne avoir été «impressionné par sa vaste culture ésotérique et historique». «Ses concerts sont de la provocation, une machine à fric et une recherche évidente de pouvoir», reconnaît-il. «Mais l'expression artistique est portée par des puissances mortifères exaltant l'antéchrist, le meurtre, le suicide, qui incitent les spectateurs sous contrôle à commettre des profanations de lieux sacrés.»


«Ceux qui prêchent la Bible sont nos ennemis»


En 2004, il se rend à Toulouse pour écouter Glen Benton, leader du groupe Metal «Deicide» dont «les sons rauques proférés sur scène et les vociférations sont à la limite du naturel», tout comme «l'espace» qui entoure et protège le chanteur «lorsqu'il circule au milieu des jeunes en transe». Il suffit de se rendre sur la page d'accueil du groupe norvégien «Dimmu Borgir» pour saisir le phénomène et la raison pour lesquelles le père Domergue souhaite traduire aux jeunes les paroles qui proclament : «Nous sommes satanistes (...) tous ceux qui prêchent la Bible sont nos ennemis (...) nous sommes des espèces d'animaux et c'est dans notre nature que d'être des survivants.»


Le prêtre bordelais n'est pas adepte de l'approche exclusivement psychologique qui a largement dominé l'Eglise des années 70-80, en perte de vitesse aujourd'hui. Il se dit convaincu que «les états altérés de la conscience chez les jeunes peuvent être provoqués par ces forces du mal injustement évacués de nos sociétés occidentales démythologisées».

Sophie de Ravinel
[02 février 2006]

Au départ, ils devraient d'abord s'interesser à eux-mêmes, à l'exemple qu'ils donnent, à la dérive du monde catholique depuis des années et des années.
De plus, depuis que la population a le droit de lire, de s'instruire, de se faire une opinion personnelle, les choses ont changés radicalement.
Eh oui, dommage pour eux, mais pratiquement tous les amateurs de ces mouvements ont une culture et un savoir ésotérique plus développés que la moyenne.

Ce qui me choque dans l'article, on y parle gothique, et on apprend trois lignes plus bas, que les seuls concerts visionnés par ce prêtre sont ceux de groupes de black métal, mouvement, qui est différent, même s'il peut paraître similaire, la façon de penser et de fonctionner n'est pas la même.

Il a de la chance ce prêtre finalement, il a vu Dimmu Borgir sur scène, depuis que j'attends....

S'il y a quelqu'un qui doit se pencher sur le satanisme et l'ésotérisme chez les jeunes, ce n'est surement pas l'Eglise, pensez vous vu leur grande tolérance sur le sujet(ironique) et la façon dont ils psychottent sur ces choses là...
Quoi que je dis ça mais faut pas généraliser...après tout, tout les prètres ne sont pas tous des cons...