Les critiques font vraiment envie :
https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000025287.html
Après une poignée de courts métrages, son passage au long s'était fait avec Les Garçons sauvages, allégorie de la transidentité tournée dans un noir et blanc aussi sublime et contrasté que celui de Conann, relecture surprenante et féminine des romans de fantasy de Robert E. Howard, dont les adaptations avaient fait d'Arnold Schwarzneegger une star au début des années 80.
Point de muscles saillants ici, mais une femme, barbare, incarnée par six actrices différentes (dont Christa Théret). Une pour chaque âge de l'héroïne dont le chien des enfers Rainer (réincarnation canine du réalisateur Rainer Werner Fassbinder) nous raconte les vies et les morts, chaque itération du personnage étant assassinée par la suivante, dans un récit empli de fatalité.
Car l'amour et la mort font bon ménage dans le cinéma inclassable de Bertrand Mandico. Et si la nudité est moins présente ici que par le passé, Conann n'en est pas moins surprenant, fascinant, dérangeant, amusant, repoussant… Parfois dans un même élan, alors qu'il convoque les esprits de David Cronenberg et de Portier de nuit tout autant que le sort réservé à un personnage nommé Europe connecte son film au présent.
L'aspect politique du cinéma de Bertrand Mandico n'est, certes, pas nouveau, et le fait que des actrices incarnent des personnages masculins (et inversement) en était l'une des preuves les plus frappantes. Mais aucun de ses films ne résonnait autant avec notre époque que Conann. Peut-être parce que le projet a d'abord été conçu avec le Théâtre des Amandiers (et tourné dans un studio juste à côté), pendant le Covid, et que c'est peut-être de cette situation, incertaine pour la culture, qu'est né le pessimisme du long métrage.