La Chose

En guise d’introduction

EN 1938, JOHN W. CAMPBELL JR. est un auteur de SF reconnu. Il est même deux auteurs de SF reconnus. Outre des aventures spatiales échevelées à la « Doc » Smith, très appréciées des fans, il donne, sous le pseudonyme de Don A. Stuart, des œuvres plus mûres qui feront l’essentiel de son recueil Le Ciel est mort. Sous ce nom paraît en juillet de cette année-là, dans Astounding Stories, le meilleur magazine d’alors, « Who Goes There ? », le récit proposé ici. Depuis peu, Campbell en est le rédacteur en chef, mais point de passe-droit : le texte a été accepté par son prédécesseur, F. Orlin Tremaine.

À cette occasion, le manuscrit a été retravaillé. Ce fait était connu. On ignorait en revanche l’ampleur des modifications effectuées. En 2017, Alec Nevala-Lee prépare Astounding, superbe biographie de Campbell mettant en perspective ses relations avec Isaac Asimov, Robert Heinlein et Ron Hubbard. Découvrant que la bibliothèque de Harvard détient depuis 1966 des manuscrits de l’auteur, il est intrigué par la mention de « Frozen Hell », dont on savait qu’il s’agissait d’un titre de travail de « Who Goes There ? ». Une fois devant l’objet, il constate que cette version est très différente. En fait, il s’agit d’un roman, pourvu de plusieurs longs chapitres d’introduction que la révision a excisés.

Ce livre est désormais disponible en anglais ; bien sûr, nous l’avons lu, et le texte publié à l’époque demeure pour nous supérieur. Dans sa préface à Frozen Hell, Robert Silverberg, tout sauf poli, ne dit pas autre chose, même s’il reconnaît un intérêt historique à sa parution, qui, selon lui, montre quel excellent éditeur John Campbell était déjà, tant les coupes pratiquées semblent judicieuses !

Voici La Chose, tel que son auteur l’a échafaudé en 1938, tel qu’il l’a réédité à plusieurs reprises sans jamais en profiter pour revenir au roman d’origine, et tel que deux cinéastes, Christian Nyby ( La Bête d’un autre monde, 1951, avec « l’aide » de son producteur Howard Hawks à la réalisation) et John Carpenter (The Thing, 1982) l’ont adapté – avant la prequel (The Thing, 2011) de Matthijs van Heijningen Jr. Un classique, et un précurseur dans sa fusion de la science-fiction et de l’horreur dont le Alien de Ridley Scott, par exemple, saura se souvenir.

Pierre-Paul Durastanti




En Antarctique, quelque part. Enfoui sous la glace, aux abords d'un artefact aux allures de vaisseau spatial, des scientifiques découvrent un corps congelé gisant là, sans doute, depuis des millions d'années. Un corps résolument inhumain. Résolument autre. Le choix est alors fait de ramener la stupéfiante découverte à la station pour étude. Doucement, la gangue de glace autour de la créature commence à fondre, libérant peu à peu cette totale étrangeté à l'aspect terrifiant. Et les questions de traverser l'équipe de chercheurs : qu'est-ce que cette chose ? Comment est-elle arrivée là ? Et après tout, est-elle seulement morte ? N'ont-ils pas mis au jour la plus épouvantable des abominations, une horreur proprement cosmique ? Récit haletant paru en 1938, proposé ici dans une nouvelle traduction, La Chose est un immense classique de la science-fiction mondiale. Porté à l'écran à trois reprises, ce court roman pose les bases du récit de SF horrifique.

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