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 Le papillon de la mort - Maurice Renard Maurice

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ElricWarrior
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MessageSujet: Le papillon de la mort - Maurice Renard Maurice   Le papillon de la mort - Maurice  Renard Maurice EmptyDim 6 Oct - 19:05

Le papillon de la mort - Maurice  Renard Maurice Bkna10

Né le 28 février 1875, à Châlons-sur-Marne, Maurice Renard se retrouva rapidement à Reims où son père fut nommé président du tribunal. Il y passa sa jeunesse et y fit son droit. Rien à priori ne le destinait donc à la carrière littéraire qui fut la sienne. Mais c’est a la lecture d’Edgar Poe qu’il dut de se prendre de passion pour les littératures de l’imaginaire et de commencer à songer qu’il pourrait devenir un écrivain, ce qui ne sembla pas, dès l’abord, remplir d’aise sa famille. Laquelle, pourtant, ne mit plus d’obstacles à son désir, lorsqu’il revint à Reims après avoir effectué, dans les dragons, son temps dans l’armée. Il s’essaye d’abord à la poésie et au théâtre et plusieurs de ses poèmes paraissent dans la revue « La Phalange ». Puis, son père lui ayant fait don d’une part des terres familiales : le clos Saint-Vincent, il s’y installe et y écrit son premier recueil Fantômes et fantoches qui comprend sept récits (dont Le Lapidaire[1] que vous trouverez dans le présent volume) et qui est publié chez Plon en 1905, sous le nom de Vincent Saint-Vincent. En 1908, il publie un de ses chefs-d’œuvre Le docteur Lerne sous-dieu[2] qui est dédié à H.G. Wells. Puis, l’année suivante, le Mercure de France, éditeur de Wells justement, fait paraître un second recueil de sept nouvelles, Le voyage immobile, auquel appartient Le rendez-vous où, sur le thème de l’hypnose, Maurice Renard mène la situation jusqu’à la plus extrême logique de l’irréel, nous donnant ainsi une des nouvelles de « morte amoureuse » les plus terrifiantes qui soient, une nouvelle dont la nécrophilie remarquablement osée pour l’époque n’aurait pas déparé les pages de Weird Tales. Le plus grand de ses livres appartenant au domaine du merveilleux scientifique (qui préfigure notre moderne science-fiction), Le péril bleu[3] paraît en 1912. Et c’est en 1913, juste avant de partir à la guerre, que Maurice Renard publie, chez Louis Michaud, un troisième recueil, Monsieur d’Outremort. Mais c’est seulement à son retour à la vie civile, la guerre terminée, que Maurice Renard trouvera en Crès un éditeur à la mesure de son talent. Il figurera désormais, dans le catalogue de cet éditeur, aux côtés de créateurs prestigieux comme Bram Stoker, Stevenson, Jack London, Rider Haggard, Hans Heinz Ewers, Huysmans, O’Henry, etc. Successivement seront édités : L’homme truqué (1923), Le singe (1925), L’invitation à la peur (1926), Lui ? (1927), Un homme chez les microbes (1928), Le carnaval du mystère (1929), La jeune fille du yacht (1930), Celui qui n’a pas tué (1932), auxquels s’ajoutent les rééditions de titres parus chez d’autres éditeurs.

* * *

On regrettera que les trois romans les plus célèbres de Maurice Renard, Le docteur Lerne, Le péril bleu et Les mains d’Orlac, aient quelque peu éclipsé le reste de son œuvre. Ainsi deux romans, Le singe, co-écrit avec Albert-Jean, et Le maître de la lumière, publié en 1947 à titre posthume (Maurice Renard meurt le 18 novembre 1939 des suites d’une opération) n’ont jamais été réédités. Et pourtant, Le singe, qui présente un étonnant mélange de roman policier et de roman d’anticipation sur le clonage, précédait de plusieurs dizaines d’années les auteurs américains qui ont abordé ce thème, cependant que le clin d’œil du côté de Landru ne manque pas de saveur. Ses nouvelles fantastiques, enfin, abordent tous les thèmes chers à la littérature de l’imaginaire, en les illustrant dans un style concis et sans fioritures : le miroir (L’affaire du miroir), les mondes parallèles (La rumeur dans la montagne), l’immortalité (Le secret du professeur Krantz), la prémonition (L’étrange souvenir de M. Liserot), la mort (Elle), pour ne citer que celles contenues dans le présent volume. Si l’on peut comparer son style à celui d’Henri de Régnier ou de Rachilde (l’écharpe gris souris ou Le rendez-vous), ou même relever des « à la manière de » H.G. Wells ou Edgar Poe (La rumeur dans la montagne, par exemple, qui reprend une idée proche des Souvenirs de Mr. August Bedlœ), ou encore établir un parallèle avec certaines nouvelles de Maurice Level (Cambriole et À l’eau de rose), il n’en reste pas moins que l’œuvre de Maurice Renard demeure profondément originale et qu’il est le premier à faire mentir sa propre affirmation[4]: « Le fantastique n’est donc pas français. Nous le goûtons voluptueusement mais nous ne savons pas le cuisiner. »

Stéphane Bourgoin

INTRODUCTION
L’ÉCHARPE GRIS SOURIS
CAMBRIOLE
ELLE
L’ÉTRANGE SOUVENIR DE M. LISEROT
À L’EAU DE ROSE
LE PAPILLON DE LA MORT
LA RUMEUR DANS LA MONTAGNE
LE PROFESSEUR KRANTZ
LE RENDEZ-VOUS LE LAPIDAIRE 1 2 3 4 5 6 7
LA GRENOUILLE
LA DAMNATION DE L’« ESSEN »
L’AFFAIRE DU MIROIR

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LE PAPILLON DE LA MORT

Au détour d’une haie, j’aperçus maître Jacobus. Il était debout, les mains aux poches, devant ses ruches d’abeilles. Ce ne pouvait être que lui ; sa petite taille m’en assurait. Quand il se retourna au bruit de mes pas sur le sentier, sa laideur m’interdit. Ma mère avait négligé de m’instruire à ce sujet, mais peut-être, du vivant de mon père, maître Jacobus offrait-il un aspect plus aimable. Il avait le dos rond, le teint sombre, le nez manqué, l’œil gauche crevé et, sur tout cela, une expression de méchanceté qui éveillait du même coup la défiance et la tristesse. Je le saluai en ôtant ma toque bien poliment. — C’est moi Fritz Moser, lui dis-je, le fils de votre ami Hans Moser qui est mort. Maître Jacobus me tendit la main. Je repris : — Voici une lettre de ma mère pour vous, maître Jacobus. Il lut la lettre sans manifester aucun sentiment. Puis, me regardant de son œil unique :
— Alors, tu aimes les abeilles, petit ? Elles t’intéressent ? Et tu voudrais passer quelques jours avec moi ? — Oui, maître Jacobus. J’aime bien les abeilles, et aussi toutes les autres petites bêtes, les insectes, les papillons… — Regarde, dit-il. Tu arrives juste à point pour voir ce qu’un papillon peut faire d’une ruche. Les ruches de paille s’alignaient en bordure d’un talus buissonneux. L’une d’elles, décoiffée de sa toiture pointue, montrait ses gâteaux. — Elle est abandonnée, fit maître Jacobus. L’essaim est parti cette nuit. Et c’est un papillon qui en est la cause : un nocturne, le sphinx atropos ou sphinx tête de mort, le grand ennemi des mouches à miel. Je me penchai sur la ruche, où je ne vis, en effet, que deux ou trois abeilles qui se traînaient, alors que tout autour de nous l’air vibrait d’un joli bourdonnement et que des vols innombrables le traversaient comme des flèches. Je regardai maître Jacobus. Il serrait les dents. — C’est une ruche à remplacer, dit-il. Le sphinx tête de mort y est entré, elle est maudite ; aucune abeille n’y rentrera jamais. Je me disposais à l’enlever ; ce sera pour plus tard ; tu dois avoir faim. Suis-moi, petit.

Nous montâmes vers la maison, qui se tenait gentiment assise au flanc du coteau et dont les murs disparaissaient sous une housse de vigne vierge. Maître Jacobus me poussa devant lui. Il vivait là en vieux garçon, au milieu d’un désordre pittoresque. Il ouvrit une armoire, pour en tirer de quoi me restaurer. Mais, depuis que j’avais mis le pied dans cette grande salle où les fenêtres feuillues ne laissaient pénétrer qu’un demi-jour, je cherchais avec curiosité l’origine d’un sourd murmure qui ne cessait de se faire entendre. Je ne tardai pas à démêler ce qui le produisait. Sur une table massive, parmi des objets hétéroclites, des pièges à taupes, des pipes en terre, une énorme phalène battait de l’aile si rapidement qu’elle semblait placée entre deux brouillards fauves. Une longue épingle transperçait le papillon et le fixait sur une plaquette de liège. Maître Jacobus disposa sur un coin de la table une couronne de pain, un fromage et une bouteille. — C’est le malfaiteur, dit-il en s’apercevant que je regardais la phalène. — Mais, risquai-je, il souffre… — Je l’espère bien ! s’écria-t-il d’une voix rude.

Cette réponse eut le don de m’interloquer. Je considérai mon hôte avec stupéfaction. — Il faut qu’il expie ! ajouta-t-il. La bestiole continuait sans relâche à faire frémir ses larges ailes. Ses pattes touchaient le liège. Elle virait sur elle-même autour de l’axe qui l’immobilisait, s’obstinant à vouloir s’envoler. Elle avait la taille d’une petite chauve-souris. La tête de mort se dessinait très nettement sur son dos velu, comme l’emblème macabre du corsaire, le signe de son rôle destructeur. Dans l’ombre, ses deux gros yeux luisaient, tels que deux pierres opalescentes aux reflets chatoyants. — Mange et repose-toi, me dit maître Jacobus. Mais je ne pouvais me détacher d’un spectacle que ma sensibilité me rendait presque effroyable. Je n’avais jamais vu de papillon aussi grand que celui-là. Sa parure mortuaire m’impressionnait. Fléau, bête de nuit, il me faisait un peu peur, et cependant son supplice me révoltait. Je ne comprenais pas que maître Jacobus ne l’eût pas tué tout de suite, sans lui infliger le long martyre qu’il appelait une expiation. — Il s’introduit dans les ruches, fit-il âprement. Il s’empare de la reine des abeilles, la détruit ; aussitôt, l’essaim tout Du bout d’une aiguille, maître Jacobus fouilla sous les mandibules du sphinx atropos et déroula la spirale noire d’un appendice interminable. Le papillon produisit alors une sorte de petite clameur, un étrange appel furieux et plaintif qui, malgré sa faiblesse, me fit tressaillir. Je ne savais pas cela. Je ne croyais pas qu’une phalène pût crier, si peu que ce fût. Maître Jacobus s’amusa de mon effarement. Il agaçait sa victime de la pointe de son aiguille, et dardait sur elle le regard féroce de son œil droit. J’avais hâte d’être dehors. Je me dépêchai d’avaler un quignon de pain et une tranche de munster. Après quoi nous sortîmes, et je pris ma première leçon d’apiculture pratique. Quand le soir tomba, j’avais oublié quelque peu le sphinx atropos.

Mais le bourdonnement funèbre n’avait pas cessé ; au sein du silence vespéral, il prenait même une ampleur redoutable et s’accompagnait de grincements qui me causaient un malaise des plus pénibles. Cette agonie pouvait durer longtemps, deux jours, trois jours ; j’espérai pouvoir l’abréger sans que rien ne trahît mon intervention. Maître Jacobus, qui couchait tout bonnement dans la grande salle, m’avait affecté la chambrette voisine. Je ne m’y endormis que très tard, obsédé par la pensée du papillon et m’imaginant percevoir, en dépit de la porte close, le tremblement convulsif de ses ailes. À l’aube, j’étais assis dans mon lit, baigné de sueur, écoutant l’insupportable murmure. Je ne pouvais plus l’endurer… Lentement, avec mille précautions, j’ouvris la porte… J’avançai à pas feutrés vers la table… Maître Jacobus reposait paisiblement. Je surveillai son visage endormi où les deux yeux fermés supprimaient momentanément le témoignage de son infirmité… C’est ainsi que, tout à coup, je vis quelque chose s’abattre sur son œil droit et la silhouette d’un grand papillon sombre se plaquer brusquement à la place de cet œil… Un cri terrible retentit. Dressé, fou de douleur, mais ne sachant encore quelle sorte d’ennemi venait de l’attaquer, maître Jacobus fut, pendant une seconde, la représentation de l’horreur. Je le vis et je le vois encore, le temps d’un battement de cœur, hurlant, affreux et fantastique, avec, en pleine orbite, ce papillon de mort qui, à force de ténacité, était parvenu à prendre son vol, emportant avec lui la longue épingle de son martyre, et qui, épuisé, venait de s’abattre au hasard, sur son bourreau, en lui crevant cet œil dont la perte le privait à tout jamais de la lumière.

« Au hasard… » Peut-être. Mais, depuis lors, ce n’est pas sous les traits classiques d’un gracieux jeune homme aux yeux bandés que je me représente l’aveugle Hasard.

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