Ce livre s’interroge sur le retour insistant du mythe d’Arachné (brillamment raconté par Ovide dans ses Métamorphoses) et de quelques figures connexes (Arachné et son frère Phalanx, punis d’inceste, Arachnos s’unissant à Tirésias) dans les textes littéraires modernes du xixe au xxe siècle. De la vaste littérature arachnéenne – qui inclut des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais et des articles scientifiques écrits avec un rare brio – il retient prioritairement la nouvelle fantastique moderne en y joignant quelques textes poétiques et discursifs éclairants. Il invite à explorer ces mythes dans des textes qu’on croirait très éloignés de fables antiques.
Le trajet de la tisserande mortelle qui osa défier Athéna dans un concours de tapisseries célèbre dans les arts et fut durement punie pour son talent et son audace se reflète dans la structure de l’ouvrage. Ses cinq parties s’arrêtent sur l’association insistante de l’araignée au diable en montrant l’influence de la Bible et de la littérature patristique (I. Araignées du diable); sur la figure de la femme-araignée, supposée dévorer son partenaire après l’union sexuelle, jusqu’à sa mise à distance par l’humour dans la nouvelle au xxe siècle (II. Amours monstrueuses); sur la figure de la mère-araignée étouffante, construite par la psychanalyse, et parfois déconstruite par des fictions ironiques (III. L’Araignée des familles); sur la toile d’araignée comme métaphore du psychisme et la transmission de la pensée coupable, le délire, la folie ou la phobie (IV. Une araignée au plafond); et sur la relation insistante de l’araignée à l’expression artistique – musique, écriture automatique ou tissage poétique (V. Araignées d’art).
Le livre réunit vingt-et-un textes en cinq langues (sept en français, trois en allemand, six en anglais, trois en italien et deux en espagnol), écrits entre 1842 et 1983. Il propose systématiquement l’original en regard des traductions. Cinq d’entre elles, reprises à des éditions existantes, sont revues et amendées. Sept autres sont proposées pour la première fois en français. Chaque texte est suivi d’une notice-commentaire qui en déplie la structure, l’imaginaire et la langue en attirant l’attention du lecteur sur une riche intertextualité qu’on tient pour une caractéristique frappante du mythe d’Arachné.
Araignées du diable
1. Jeremias Gotthelf, «Die schwarze Spinne» / «L’Araignée noire» (1842), notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
2. Montague Rhodes James, «The Ash-Tree» (1904)
«Le Frêne», traduit par Odette Ferry, traduction revue par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
3. Erckmann-Chatrian, «L’Araignée crabe» (1860), texte établi et annoté par Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech
4. Erckmann-Chatrian, «L’Œil invisible ou l’auberge des trois pendus» (1857), texte établi et annoté par Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
Amours monstrueuses
5. Otto Julius Bierbaum, «Die Spinne» (1901)
«L’Araignée», traduit par Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
6. Jean Lorrain, «Monsieur Smith» (1903), texte établi et annoté par Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
7. Marcel Schwob, «Arachné» (1891), texte établi par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
8. Hanns Heinz Ewers, «Die Spinne» (1908)
«L’Araignée», traduit par Jean-Jacques Pollet, traduction revue par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
9. Elizabeth Walter, «The Spider» (1967)
«L’Araignée», traduit par Dominique Mols, traduction revue par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
10. John Wyndham, «More spinned against… » (1953)
«Tel est pris… », traduit par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
L’araignée des familles
11. Rachilde, «L’Araignée de cristal» (1892), notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
12. Enrico Pea, «E Clotilde spremette le mamelle» (1912)
Enrico Pea, «Et Clotilde se pressa les mamelles», traduit par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
13. Tommaso Landolfi, «Il babbo di Kafka» (1940)
«Le Papa de Kafka», traduit par Mario Fusco, traduction légèrement revue par
Sylvie Ballestra-Puech
Notice par Évanghélia Stead
14. Raymond Jean, «Un fantasme de Bella B.» (1983)
Notice par Sylvie Ballestra-Puech
Une araignée au plafond
15. Primo Levi, «Paura dei ragni» (1981)
«Peur des araignées», traduit par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
16. Silvina Ocampo, «La boda» (1959) ArgENtiNE
«La Noce», traduit par Caroline Lepage et François Bonfils, traduction légère-
ment revue par Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
17. Adolfo Bioy Casares, «Moscas y arañas» (1958)
«Mouches et araignées», traduit par Françoise Rosset, traduction légèrement revue et annotée par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
18. Peter Valentine Timlett, «Little Miss Muffet» (1981)
«P’tite Mam’zelle Muffet», traduit par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
19. William Sansom, «Pansovic and the Spiders» (1943)
«Pansovic et les araignées», traduit par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
Notice par Sylvie Ballestra-Puech et Évanghélia Stead
Araignées d’art
20. James Whitcomb Riley, «Tale of a Spider» (1879)
«Histoire d’une araignée», traduit par Évanghélia Stead
Notice par Évanghélia Stead
21. Marcel Béalu, «L’Araignée d’eau» (1948)
Notice par Sylvie Ballestra-Puech
Postface, par Évanghélia Stead
Bibliographie
Iconographie
2-84137-361-1 - Année : 2019 - 728 Pages - 34 €
https://www.millon.fr/livres/408-philosophie-nomina-stead-evanghelia-et-ballestra-puech-sylvie-dans-la-toile-d-rsquo-arachne.html